Rayan Nezzar : « depuis 1990, nos émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 30 % au niveau mondial, avec des effets que l’on sait : la perspective d’une montée des eaux de 8cm au-dessus du niveau de la mer. Dans quelques années, des îles du Pacifique vont disparaître. En Asie et en Afrique des peuplades sont menacés d’extinction. Nous devons créer d’urgence un statut spécial pour les réfugiés climatiques ».
Face à cette urgence qui s’impose à tous, un investissement de 100 milliards doit être mis sur la table pour réaliser des investissements écologiques dans la rénovation des bâtiments, avec des transports de demain plus sobres et plus collectifs, la sortie de l’agriculture des pesticides, et d’ici 2050 arriver à une situation de neutralité de notre empreinte carbone.
Les Etats-Unis étant sortis des accords de la COP 21, nous devons imposer à tous les pays membres l’obligation de ratifier ces accords sans retour arrière possible, et mettre en œuvre les accords de Paris, seule obligation pour une Europe plus respectueuse de l’environnement ».
Mounir Satouri : « on est le pays de la Cop 21. Soyons avant tout exemplaires et après, on sera pris au sérieux quand on donnera des leçons aux autres.
Il faut reconnaître des droits à la nature pour mieux la protéger. Il faut une Europe avec zéro produit toxique (comme le glyphosate) et permettre aux agriculteurs bio de nourrir leurs concitoyens sur des critères de qualité contraignants. Les abus doivent être sanctionnés et les citoyens doivent pouvoir porter plainte devant la Cour européenne de justice.
Il faut des moyens de contrôle. Il faut sortir du carbone et sortir du nucléaire.
Les énergies renouvelables sont créatrices d’emplois locaux non délocalisables et cela donnera un sens à l’Europe et à nos concitoyens. Nous sommes pour un traité environnemental, traité qui doit pouvoir s’imposer comme prioritaire, y compris s’imposer devant la règle des 3 % car considérée comme un investissement sur l’avenir. Les produits qui ont fait des centaines de kilomètres doivent être davantage taxés, cela permettrait de préserver la production locale dans des conditions positives par rapport aux critères environnementaux. Je suis pour un protectionnisme vert avec une taxation incitative ».
Rachid Temal : « la Cop 21 a, pour la première fois, permis de traiter des choses qui ont été faites, donner du sens et des lignes et porter des actions. Par exemple, Eric Andrieux (député européen PS - ndlr) a beaucoup fait pour la lutte sur la question du glyphosate, et même si la France a fait un pas de deux sur la pêche électrique, cela reste un grand combat. Sur la question des normes environnementales, c’est encore à faire ».
Pamela Hocini : « non L’Europe ne permet pas de sortir du dérèglement climatique. Les gaz à effet de serre ont augmenté de 2,2 % en 2018. Les politiques européennes conduisent à privatiser les services publics, notamment la SNCF, alors que le train est moins polluant, on privilégie les camions et l’aérien. Elles sont en deçà des accords de Paris. On s’arrête au strict minimum pour limiter la hausse à 1,5°Celsius. C’est bien dommage car il y a une réelle urgence, surtout pour nos enfants.
Nous devons lutter contre le réchauffement climatique. 1 % des plus riches en France ont une empreinte carbone 40 fois plus importantes que les 10 % les plus pauvres. Les 100 plus grandes entreprises sont responsables de 60% des gaz à effet de serre. Pour une fiscalité plus juste, à savoir les plus riches étant responsables du dérèglement climatique, nous avons proposé un règlement européen à application immédiate, une règle verte, qui consiste à de ne pas prélever par an sur la nature plus que ce qu’elle ne peut reconstituer, et qu’elle ne peut supporter ».
Question de la salle
« Si l’Europe n’avait pas été là, où en serait-on en matière d’environnement, y compris dans les pays européens ? Je pense que l’Europe a été un booster à l’ensemble des autres pays, notamment de l’Est, qui partaient de très bas ».
Mounir Satouri : « qu’est-ce qui se négocie aujourd’hui dans les traités de libre échange ? Ce ne sont pas les prix. Ni les taxes.... Ce sont les réductions des normes écologiques et sanitaires qui sont demandées. On ne peut rien faire en Europe si on ne renégocie pas les traités. Je suis fondamentalement européen sur la question de l’urgence climatique. L’Europe doit prendre un nouveau virage, fondamental. Ce n’est pas le libéralisme qui solutionnera la crise environnementale ».
Rayan Nezzar : « on hérite de l’Europe libérale. Aujourd’hui, la France, c’est 1 % des gaz à effet de serre, quoiqu’on fasse, ça ne suffira pas à inverser le cours des choses. Qu’il s’agisse de la directive sur les oiseaux, de la directive sur les nitrates, de la PAC, il faut mettre des normes plus contraignantes dans l’économie internationale et, nous sommes d’accord, l’Europe doit apporter plus de règlements et plus de financements. Où trouvons-nous les ressources dont nous avons besoin ? Au delà des ressources propres, comment taxer les GAFA, et aussi instaurer une taxe carbone aux frontières ?
Rachid Temal : Nous partageons cela mais il faut que l’Europe revienne sur la question du budget. Il faut des financements, des investissements, il faut aller plus loin, c’est pour ça que nous proposons un plan d’investissement.
Pamela Hocini : Il faut aller sur la 5e vitesse au niveau de l’Union européenne et au niveau des pays. Et pour ce qui est des traités de libre échange, rajouter des normes mais surtout faire respecter les normes actuelles.
Mounir Satouri : Je pense la même chose sur la question des normes environnementales .rappelons que le Canada demande à reculer sur ces normes environnementales.
Question posée à Mounir Satouri : « qu’entendez-vous par donner des droits à la nature ? »
Mounir Satouri : Si on veut protéger la nature et l’espace naturel agricole, il faut qu’il y ait des règles et des normes pour éviter la prédation. Il faut sacraliser la nature et les terres agricoles. S’il y a des espaces protégés, cela devient compliqué d’urbaniser.
Sur ces sites-là, il faut étendre les droits au niveau du Droit européen. Par exemple dans les Yvelines, 18 hectares ont été souillés par Total, et rien ne pourra y pousser pendant 10 ans. Le principe de la réparation voudrait que le responsable puisse rendre à la nature, tout de suite, au moins autant d’espaces cultivables qu’il en a souillés. Si la nature avait un Droit, elle serait indemnisée ».
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