Protection civile et aide humanitaire
L’expérience récente prouve l’importance de l’aide apportée en réponse à une situation d’urgence de grande ampleur à laquelle ne peuvent pas faire face les dispositifs protection civile et les acteurs (pompiers, médecins, secouristes…) d’un seul pays.
Pour ne citer que des exemples récents, le mécanisme de protection civile de l’UE (MEPC) a été activé entre 2020 et 2022 en raison de l’urgence sanitaire liée à la COVID-19. Quand les États membres apportaient leurs ressources, la Commission contribuait au fonctionnement général, à une partie des frais d’acheminement, de la formation et des opérations de sensibilisation de la population.
En Ukraine, face à la détérioration de la situation humanitaire, les 27 pays de l’UE, ainsi que 5 États participants (Islande, Macédoine du Nord, Norvège, Serbie et Turquie), ont offert des kits de premier secours, des équipements d’hébergement, des moyens de lutte contre les incendies, des pompes à eau, des générateurs et du carburant.
Lors du tremblement de terre en Syrie et en Turquie en février 2023, l’UE a acheminé vers les deux pays des tentes adaptées aux conditions hivernales, des couvertures, de l’eau, des kits sanitaires et d’hygiène ainsi que des dispositifs de chauffage et des ustensiles de cuisine.
A l’occasion des feux de forêt en Grèce à l’été 2023, la France a envoyé deux Canadair et un avion de reconnaissance, tandis que l’Italie fournissait deux Canadair. Des équipes de lutte contre les incendies, comprenant des véhicules d’urgence, des hélicoptères et des centaines de pompiers ont par ailleurs été dépêchés sur place, notamment par la Pologne, la Slovaquie et la Roumanie. Des hélicoptères et des avions ont également été prêtés par la Jordanie, la Turquie et Israël. L’UE a aussi mobilisé des avions qui proviennent d’une réserve de capacités européennes (rescEU) et assuré une coordination des interventions.
En activant le système satellitaire Copernicus, l’UE a produit des cartes satellites d’évaluation des dommages relatives aux zones touchées par les incendies forestiers, permettant d’améliorer la coordination et l’efficacité.
Enfin, des situations d’urgence liées à la pollution marine (marées noires, fuite de produits dangereux dans les fleuves, etc.) peuvent également permettre d’activer le MEPC. Dans ce cas, le travail est mené en collaboration avec l’agence européenne pour la sécurité maritime (AESM).
N’importe quel pays dans le monde, mais aussi les Nations unies et ses agences, ou toute organisation internationale pertinente, peuvent faire appel au mécanisme de protection civile de l’UE.
Des situations diverses, un besoin de coordination
Actuellement, trente-cinq États participent au mécanisme de protection civile (MEPC) : les vingt-sept États membres de l’UE ainsi que neuf autres pays européens (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Islande, Macédoine du Nord, Monténégro, Norvège, Serbie, Turquie et Ukraine).
Grâce à un travail de sensibilisation, de formation, d’échanges d’experts et l’organisation d’exercices de simulation, le MEPC contribue à améliorer la prévention, la préparation et la réaction aux catastrophes naturelles ou d’origine humaine.
C’est la commission européenne qui pilote le mécanisme au travers de sa direction générale de l’aide humanitaire et de la protection civile, (ECHO). Ces deux activités allant souvent de pair, le mandat humanitaire d’ECHO a été étendu à la protection civile en 2010 afin de coordonner l’assistance des États participants au MEPC en cas de catastrophe, tant en matière de sécurité civile que d’aide humanitaire.
Ce mécanisme vise tout d’abord à protéger les personnes, mais peut également porter sur l’environnement, les biens et les sites culturels.
Les États participants assurent la majeure partie du financement du MEPC. La Commission européenne assure l’envoi des équipes d’experts, le cofinancement du transport logistique de moyens, les études et les enquêtes, le financement d’un programme de formation et d’exercices ainsi que le financement des opérations de sensibilisation et d’information au public.
Pour la période 2014-2020, le budget consacré à la mise en place du MEPC voté par le Parlement européen s’est élevé à 368,4 M€ (223,7 M€ pour des actions au au sein de l’UE, le reste pour des actions similaires situées hors de l’UE). À ce budget, s’ajoutent des contributions supplémentaires émanant de pays participants au MEPC, non membres de l’Union européenne.
Ces exemples constituent des éléments d’une politique de sécurité civile complémentaire à celle de l’Europe de la défense. Il reste cependant du chemin à parcourir au-delà des interventions au cas par cas, sur la nature de l’aide selon les ressources disponibles, la cohabitation avec des opérations de police ou militaires, les risques d’ingérence, la coordination de moyens humains de plusieurs pays pour une mission commune.
L’Union Européenne peut-elle devenir encore plus utile face aux catastrophes en optimisant les possibles solidarités des pays membres ?
Pour en savoir plus :
Mécanisme européen de protection civile. consilium.europa.eu
Le groupe de secours catastrophe français (GSCF)
L’ expérience associative de pompiers français :https://pompiers-urgence.org/notre-mission/
et un de ses projets européens : TREEADS qui vise à améliorer la durabilité environnementale et la sécurité des écosystèmes urbains et ruraux.
https://pompiers-urgence.org/le-projet-treeads/
https://treeads-project.eu/ (en anglais)
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