Les violences conjugales
En France tous les trois jours une femme meurt victime de violences conjugales. Le pire est que les menaces étaient souvent déjà signalées sans qu’il y ait sanction efficace de leurs auteurs ! Le soutien aux victimes par les institutions est encore très insuffisant. Le Haut conseil à l’égalité femmes-homme avait calculé en 2018 qu’il faudrait déjà le décupler pour le soutien aux seules victimes ayant porté plainte. Et on sait qu’elles sont extrêmement minoritaires. Il faut donc que le soutien devienne celui de l’ensemble de la société.
Le bilan de notre département
En 2018 les violences conjugales ont suscité 3101 interventions policières en Val d’Oise. Le centre d’information sur le droit des femmes et des familles (CIDFF) a accueilli plus de 2000 victimes et en a accompagnées 500 avec Espérer 95 pour un hébergement d’urgence de 6 nuits. Le relais est souvent pris par des associations cergypontaines, comme Du côté des femmes et Voix de femmes.
Il faut trop de temps pour qu’un juge civil au tribunal de Pontoise prononce cette encore rare « ordonnance de protection » instituée en 2010. Elle attribue le domicile conjugal à la victime des violences en interdisant à l’agresseur d’entrer en contact avec elle… C’est bien à l’agresseur de rechercher un hébergement pas à la victime comme c’est encore trop souvent le cas. Mais il n’y a pas assez de logements d’urgence disponibles !
Il faut que la personne en danger, malgré les mesures d’éloignement de l’agresseur puisse appeler rapidement à l’aide les services capables d’intervenir. Mais le département n’a que 18 « téléphones grave danger » à prêter aux victimes. Les magistrats ne peuvent pas encore prescrire le dispositif anti-rapprochement, bien rodé en Espagne. Il astreint le conjoint violent au port d’un bracelet électronique.
Depuis quelques années le Tribunal de Pontoise consacre une audience tous les vendredi matin à ces affaires qui concernent tous les âges et tous les milieux culturels et professionnels. Il est toujours possible d’y assister car ces audiences sont publiques.
Les violences signalées au Commissariat de Cergy-Pontoise
Comme police et gendarmerie commencent à peine à disposer de suffisamment de référents formés à recevoir les victimes de violence et construire les premiers éléments du dossier avec ou sans dépôt de plainte. depuis plusieurs années, la Communauté d’Agglomération détache une assistante sociale au commissariat : elle est chargée d’accueillir et soutenir dans leurs démarches ultérieures celles qui osent enfin signaler ce qu’elles subissent de la part de leur conjoint ou d’autres agresseurs. Son rapport est intégré au Rapport annuel en matière d’égalité femmes/hommes sur le territoire de la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise. Dans ce rapport les victimes de violence conjugale ou intrafamiliale sont principalement des femmes.
Cette intervenante sociale au commissariat a rendu compte de 696 entretiens et 401 personnes accompagnées en 2018. C’est qu’il peut y avoir plusieurs entretiens pour accompagner la victime avant de passer le relais … c’est que l’acte de dépôt de plainte est extrêmement difficile pour une personne sous emprise et peut même mettre la victime en danger. La moitié des situations révélées par ces passages au commissariat est inconnue des services sociaux : l’analyse des chiffres prouve depuis des années que les violences intrafamiliales concernent absolument tous les milieux du haut en bas de l’échelle sociale.
Mais le même rapport révèle que la moitié des auteurs de violences intrafamiliales sont des femmes. C’est que les violences subies par les femmes ne sont pas que conjugales ! elles peuvent être le fait des ascendants père ou mère, belle-mère… ou de la fratrie. Les contes anciens évoquent traditionnellement ce type de difficultés. Ils évoquent aussi les actes de maltraitance sur des personnes âgées. Mais la tradition n’évoque jamais les faits de violences de jeunes sur leurs parents. L’enfant tyran serait plutôt un fait social moderne. Les foyers monoparentaux se multipliant cela pose des difficultés spécifiques au parent isolé, très souvent la mère, face à l’adolescence de ses enfants, garçons ou fille.
Il serait pertinent que le rapport 2020 de cette intervenante sociale soit plus précis pour les situations de violences intrafamiliales. C’est le rôle de l’intervenante sociale que de soutenir la victime dans les décisions à prendre qui diffèrent selon les cas mais c’est le rôle de l’action publique locale de mettre en place des actions de prévention de tous les faits de violence intrafamiliale.
La violence familiale ne doit plus être une fatalité. Certains pays votent des lois dans ce sens, ils reconnaissent bien avant la France que la maîtrise de la violence personnelle est un processus éducatif que la société doit soutenir : elle doit commencer dès l’enfance, pour les filles comme pour les garçons.
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