ECO QUARTIER : QUESACO ?

mercredi 8 avril 2009
par  Didier Peyrat
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Lors du Conseil Municipal du 26 mars 2009, les élus de Pontoise Ensemble ont proposé un amendement à la partie du texte précisant les « principaux objectifs » du nouveau Plan Local d’Urbanisme. Cet amendement préconisait la « création d’un éco-quartier sur le terrain de l’ex caserne Bossut ». La proposition a été repoussée, sans qu’on sache trop pourquoi.

L’occasion de faire le point sur cette notion d’Eco Quartier.

« Eco Quartier » : quesaco ?

N’en doutons pas : dans les mois qui viennent, à l’occasion de l’élaboration du nouveau PLU, la question de la création d’un Eco Quartier à Pontoise sera une des questions essentielles à débattre.

Qu’est-ce que c’est ?

Un Eco Quartier est un secteur urbain conçu de façon à minimiser son impact sur l’environnement, visant généralement au moins une autonomie énergétique, et cherchant à diminuer son empreinte écologique et/ou rembourser sa dette écologique.

C’est bien plus qu’un label à la mode : la notion, appliquée à la ville, traduit la prise de conscience de la nécessité de concevoir désormais l’ensemble des activités humaines en tenant compte de l’impératif écologique (économies d’énergie, notion de patrimoine durable, souçi des générations futures, etc.).

On peut créer un Eco Quartier, ou transformer un quartier existant en Eco Quartier, même si cela peut être plus complexe.
Il est remarquable de constater que les anciens terrains militaires sont souvent l’occasion de faire émerger des projets d’Eco Quartier. Ainsi, le premier Eco Quartier d’Europe, à Fribourg en Brigsbau (15.000 habitants y vivent déjà) a été conçu sur le site d’une ancienne caserne militaire Française, rachetée par cette ville allemande en 1992.

Un quartier pour tous et pas pour quelques-uns

Un Eco Quartier ne se limite pas à des objectifs de sobriété énergétique, de construction éco-compatible. Bien sûr, les constructions doivent y respecter la norme HQE (Haute Qualité Environnementale), mais, tout étant lié, il porte autant sur l’urbanité, les rapports entre les habitants, que sur le "bâti", au sens matériel du terme.

Ainsi, il intègre la notion de mixité sociale. Le risque existe en effet d’un dérapage vers ce qu’on a appelé « l’écologie de standing » : de nouvelles formes d’habitat écologique, mais réservées aux catégories sociales les plus aisées. Il faut répondre au besoin de logement écologique de toutes les catégories sociales et assurer la mixité d’âge, de situation familiale et professionnelle est un catalyseur pour obtenir des services urbains de proximité ouverts à tous : transports, emplois, soins, éducation, culture, etc.

Relever le défi de l’urbanisme participatif

Tous les projets d’Eco Quartier cherchent à développer la participation des habitants. Les associer étroitement doit permettre en effet de passer du collectif imposé à un collectif d’adhésion, afin de favoriser de nouvelles modalités de « l’être ensemble », fondatrices de l’identité commune, mais également du respect réciproque entre tous les habitants, afin d’éviter les conflits d’usage, voire les « petites » violences.

Celà suppose une attention soutenue à la participation des habitants, tant dans la conception des projets que dans la gestion de leur quartier fini.

Un objectif désormais partagé

Par rapport à d’autres pays d’Europe (Allemagne, Royaume-Uni, Danemark, Suède, etc.) la France avait accumulé du retard en matière d’Eco Quartier, même si des projets (à Grenoble, Angers, Chalon sur Saône, etc.) ont vu le jour.

Lorsque les premiers éléments de l’aménagement de l’ancienne caserne Bossut ont été mis en place, la notion n’avait pas pris son envol.

Mais aujourd’hui, c’est différent :

- Le Grenelle de l’Environnement, en 2008, a repris à son compte le concept. Ainsi a été préconisé un plan volontariste d’éco-quartiers, pour proposer qu’au moins un quartier de ce type soit développé avant 2012 dans toutes les communes ayant des programmes de développement significatif de l’habitat. Il s’agit de la recommandation n°49 des conclusions du Grenelle.

- De même, le Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement Durable et de l’Aménagement du territoire encourage désormais les projets d’éco-quartiers (aides, concours, etc.). Lors de l’élaboration (2001-2005) du premier PLU (qui vient d’être annulé), cette "officialisation" du concept d’Eco Quartier n’était pas acquise.

- La Région Ile de France, de son côté, lance en direction des communes un appel à projets « Nouveau Quartier Urbain » (NQU) qui doit permettre d’apporter une aide aux villes qui développent des projets de quartiers particulièrement innovants sur les plans urbains, environnemental et social. Entre 1300 à 4900 euros par logement projeté dans le quartier à construire peuvent être obtenus. Un projet d’Eco Quartier serait donc éligible à ces aides.

Voilà pourquoi, si nous sommes toujours d’accord pour considérer que la création d’un nouveau quartier sur le terrain de l’ancienne caserne Bossut et ses environnants, est nécessaire, on ne peut plus faire abstraction, pour penser ce projet, de la notion d’Eco Quartier.

Disposer d’un tel terrain aménageable est une chance pour notre ville, et tous ses habitants.
A condition de se donner les moyens d’y construire un projet ambitieux et exemplaire sur le double plan social et écologique.

Pour en savoir plus :

Le référentiel éco quartier sur le site du Ministère de l’Ecologie, de l’Energie , du développement Durable et de l’Aménagement du territoire : http://www.ecoquartiers.developpement-durable.gouv.fr/rubrique.php3?id_rubrique=10

Le projet « Nouveau Quartier Urbain » soutenu par la Région Ile de France : http://www.iledefrance.fr/uploads/tx_base/NQU_plaquette_de_presentation_octobre_2008.pdf

La ville durable, Perspectives françaises et européennes, Revue Problèmes politiques et sociaux, La documentation Française, n° 933, février 2007.

La condition urbaine, Olivier Mongin, Editions du Seuil, 2005.


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