Un moment de vérité pour l’Europe
A l’heure de la crise économique, financière, sociale et environnementale, seule une réponse politique européenne peut être efficace pour s’en sortir. La rivalité entre Etats attisée par le libéralisme n’est plus de mise. Personne ne sera gagnant en essayant de s’en sortir seul.
On l’a vu avec l’exemple de L’Irlande, citée comme modèle hier. Dans ce pays le taux d’imposition des entreprises était quasiment nul, celles-ci fermaient leurs sites ailleurs pour s’y installer. Aujourd’hui l’Irlande est parmi les pays les plus touchés : les entreprises ferment et l’Etat n’a pas un sou pour faire face. Le gouvernement baisse drastiquement les salaires des fonctionnaires, fait des économies dans le domaine social. Le modèle Irlandais, basé sur le dumping social, a fait long feu.
L’Europe a déjà, par la solidarité interétatique, permis à des pays sortant des dictatures (Espagne, Portugal, Grèce) d’améliorer les conditions de vie de leurs populations.
Aujourd’hui nous smmes à un nouveau moment de vérité : solidarité, coordination, coopération, ou repli sur soi camouflé sous des déclarations grandiloquentes ?
Dans la première hypothèse, c’est l’harmonisation des politiques fiscale, sociale. Dans l’autre, c’est le maintien du dumping social et fiscal, avec à la clé un renforcement de la concurrence entre les pays, le recul de l’Europe et de l’espoir qu’elle peut incarner.
Plus d’Europe, oui, mais pas comme avant
• Nous voulons une réglementation des marchés financiers. Cette réglementation est nécessaire à l’échelle mondiale, mais commençons par mettre de l’ordre chez nous.
• Nous voulons adopter une fiscalité unique de l’épargne, et supprimer les paradis fiscaux (Belgique, G.B. Irlande). Au parlement européen, le rapport « Hamon » sur la fiscalité de l’épargne a mis à jour une fraude fiscale de 200 millions d’euros par an !
• Nous voulons exiger, comme le PS l’a fait, la levée du secret bancaire et vérifier le paiement de l’impôt par tous. La droite prétend qu’elle y est favorable, sans prendre de mesure, mais c’es elle qui a favorisé le système de concurrence. Et aujourd’hui en France elle réduit le rôle du pôle judiciaire financier qui combattait la fraude fiscale.
• Nous voulons un vaste plan de relance qui favorise la production, l’investissement et un nouveau partage des richesses. A l’opposé de ce qui a été fait ces dernières années où l’on a favorisé les revenus financiers et les rentes.
Depuis les années 80, les Thatcher, Reagan ont encouragé la diminution des revenus du travail au profit des de ceux de la finance, ils ont encouragé l’endettement, la spéculation, l’investissement à court terme et les raids financiers qui ont dopé artificiellement certaines économies présentées comme des modèles de croissance. Il faut réorienter les investissements vers une politique à long terme au service des populations européennes, dans la recherche, l’innovation, l’éducation initiale et la formation continue.
Il faut une politique de « grands travaux », d’équipements collectifs et d’infrastructures transeuropéennes (fret ferroviaire, TGV, transport fluvial et maritime, réseaux internets à haut débit pour toutes les régions européennes), financés par la BEI.
Le plan de relance actuel est insuffisant (115 millions d’euros, 2% du PIB, contre 15% du PIB pour le plan de relance américain). Il manque de coordination : ce n’est pas Etat par Etat que nous pouvons relancer et changer de modèle économique.
Luttons ensemble contre le dumping social à l’intérieur de l’Europe mais aussi à l’extérieur en refusant d’importer des produits dont les conditions de fabrication ne respectent pas les normes sociales et environnementales définies en commun. Par exemple : pas d’importations de produits fabriqués par des enfants, ni de produits toxiques, ainsi que l’a édicté une directive « REACH » pour les produits chimiques.
On voit bien que ce n’est pas pays par pays qu’une telle politique est réalisable, mais qu’elle nécessite la mise en commun des forces que représente un marché de 492 millions d’habitants.
Changer d’Europe, c’est la réorienter vers l’excellence écologique
J’ai évoqué nos axes de batailles dans le domaine financier, dans le domaine économique. Il faut aussi parler de l’environnement.
La cause environnementale n’est pas pour nous un domaine particulier, elle doit traverser tous nos axes d’investissement pour l’avenir. Je vais rappeler ce que le programme des socialistes européens défend pour préserver l’avenir de la planète. Ces mesures ne sont pas à opposer à une politique sociale : ce sont les plus pauvres qui aujourd’hui font les frais du saccage de la nature et de la spéculation sur les prix des ressources énergétiques.
Il faut investir dans les énergies propres afin de diminuer de 30% les émissions de gaz à effet de serre. C’est ce qui est nécessaire pour réduire le réchauffement climatique. C’est ce que refuse la droite. C’est notre objectif pour 2020, c’est notre engagement.
Par quels moyens ?
- L’isolation des logements, ce qui permettrait de réduire les factures d’énergie des ménages.
L’investissement dans les énergies propres
Le soutien à l’industrie automobile pour la mise sur le marché de voitures propres
Le développement de transports en commun efficaces
Battre les droites en Europe
Le « Manifesto » des socialistes d’Europe se prononce pour un pacte européen du progrès social, afin d’assurer à tous un revenu décent et une protection sociale. Nos priorités, à conquérir contre une droite qui n’en veut pas :
Un salaire minimal dans chaque pays, qui pour nous devrait atteindre 60% du salaire médian dans chacun des pays, étape vers un SMIC européen.
L’amélioration de la législation européenne garantissant les droits des salariés : diminution immédiate de la durée maximale du temps de travail que la droite européenne a fixé à 65 heures par semaine !
Aujourd’hui, 85% de la législation appliquée en France est européenne.
Pour contrer les mesures ultra-libérales adoptées ces dernières années, et qui ont conduit l’Europe à la situation que nous connaissons, il ne faut pas s’arc-bouter contre l’Europe, qui depuis sa création a permis que ce continent ne connaisse plus de guerre depuis près de 70 ans (du jamais vu dans notre histoire) : il faut en même temps plus d’Europe et une autre Europe.
Cet outil ne doit pas rester aux mains de la droite qui oppose les Européens les uns et les autres en s‘appuyant sur le moins disant.
Nous, nous voulons une Europe sociale et écologique. Alors, donnons-lui, le 7 juin, sa majorité
Pour en savoir plus : http://www.changerleurope.fr/