De fortes contraintes
Ce bâtiment est déjà signalé comme les moulins du Petit jumeau et du Grand jumeau sur les plans de 1690. Sa façade aurait dû être sauvegardée dans les années 1980. Malheureusement elle n’a pas survécu aux aléas du chantier de construction du tribunal annexe et a été refaite quasi à l’identique quoique avec des matériaux modernes. Il reste cependant interdit de la modifier tout comme d’ouvrir des fenêtres sur la venelle d’accès au jardin du Carmel. Le passage souterrain de la Viosne qui collecte les eaux de ruissellement des collines du Château et de la rue de l’Hôtel de Ville fait que l’actuel deuxième sous-sol de parking doit être pompé en permanence. Les contraintes architecturales sont donc très fortes pour cette parcelle totalement bâtie.
Un espace à reconvertir
Cette parcelle est propriété du Conseil Général (ex départemental) qui souhaite s’en défaire, alors même que dès la construction de ce tribunal annexe transitoire une future transformation en immeuble d’habitation était envisagée. Rappelons que le département est en charge du soutien aux personnes âgées et handicapées ainsi que du logement social, domaines dont nous connaissons tous les besoins persistants.
Plusieurs projets avaient été étudiés ces dix dernières années dont une rénovation en résidence étudiante : celle-ci a été évacuée par la municipalité de Pontoise avant même toute réunion de concertation publique ni information des riverains. Sans doute était-elle considérée comme plus porteuse de nuisances que de bénéfices. Pourtant au vu du nombre de micro-logements à peine salubres loués à prix d’or dans le quartier, cette transformation aurait pu avoir l’intérêt d’assainir le marché.
Penser autrement l’habitat
Les résidences sociales dédiées ("purement" étudiante, familiale ou senior) ne sont plus seules dans l’air du temps. Laissant les promoteurs de résidences seniors et étudiantes appâter les investisseurs privés à coup de défiscalisation, les bailleurs sociaux commencent à construire des résidences mixant les catégories d’occupation. Ainsi, le bailleur social du Conseil Général, Val d’Oise Habitat, ouvre cet automne sa 5e résidence intergénérationnelle. Pourquoi ce bailleur n’a-t-il pas profité de l’occasion que représentait la rénovation de l’ex tribunal, cela reste un mystère.
Gageons que le centre ancien de Pontoise aurait plus bénéficié d’un projet de ce type que de l’arrivée de 57 logements en copropriété qui représenteront à peu près le même nombre d’habitants (2,3 par logement en moyenne) que la résidence étudiante refusée. En effet, les personnes âgées ou handicapées ont des difficultés à résider dans le centre par manque d’accessibilité alors qu’elles sont grandes utilisatrices des services de proximité. En outre, et le vécu de l’opération sur le chemin de la Pelouse près des rives de l’Oise le prouve, les acheteurs en VEFA (vente en l’état futur d’achèvement, c’est à dire sur plan), aggravent l’encombrement de la voirie car ils utilisent plus d’emplacements de stationnement que ceux qui sont construits pour leur arrivée (ici, un par logement).
Un gros chantier de démolition
Le programme en cours d’études de finalisation prévoit de ne garder que la façade et d’évider les deux étages de parking pour n’en faire plus qu’un (non-inondable). Sur cette dalle de parking il sera créé un petit jardin central et construit 57 logements : il est précisé que leurs fenêtres de taille moderne ne s’ouvriront que sur l’intérieur de la parcelle puisque la façade est intouchée à l’exception d’une surélévation de deux étages pour le 45 rue Pierre Butin.
La période de démolition (4 mois prévus) dans ce site très enclavé inquiétait fortement les riverains non mitoyens pour lesquels il n’était pas envisagé de référé préventif. Devant la bronca le maire a soutenu la demande des habitants et obtenu qu’il y ait un référé préventif judiciairepour les mitoyens, élargi aux propriétés de l’autre côté de la rue. Les promoteurs et architectes prévoient une fin de chantier dans trois ans au mieux dont une année d’études de finalisation et une démolition avec découpe "pièce à pièce" utilisant l’espace intérieur pour le stockage des matériaux de démolition.
Un représentant des riverains concernés a été désigné à cette occasion, choisi au sein de l’association de quartier Harengerie et vieux Pontoise, rendue très prudente par un précédent désastreux pour une maison mitoyenne il y a quelques années. Les deux propriétaires purement mitoyens de ce gros chantier à risque (les 39 et 49 rue Pierre Butin) étant du monde judiciaire local, il est possible d’espérer que toutes les précautions seront prises pour minimiser les impacts sur le quartier et sur la rivière souterraine des opérations de destruction et des futures constructions,
Affaire à suivre...
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