La question Orale
Florence Chambon évoquait tout d’abord les événements violents des derniers jours, la dégradation de biens publics et privés, l’agression de personnes dont notre maire. Elle rappelait l’angoisse vécue par les habitants de certains quartiers pendant plusieurs nuits. Elle remerciait les services de la ville, les forces de l’ordre et les élus pour leur présence et leur travail. Elle soulignait que « Bien-sûr, les responsables de ces délits sont à condamner le plus fermement possible, on ne peut accepter que certains de nos concitoyens puissent terroriser la société entière ».
Elle notait que si on ne pouvait dédouaner les parents de leurs responsabilités et de leurs obligations, il ne fallait pas s’en arrêter là car la délinquance avait de multiples facteurs (Familiaux, de santé, économiques ou sociaux…) auxquels de nombreux jeunes pontoisiens étaient exposés. Elle rappelait que dans les deux quartiers politiques de la ville 30% des foyers vivaient sous le seuil de pauvreté, que 30% des enfants étaient en difficulté scolaire en fin de 3e, et que près de 40% des 16-25 ans n’avaient ni formation ni travail.
Tout en reconnaissant que l’on ne peut pas demander à une ville d’endosser la responsabilité entière de la délinquance sur son territoire elle avançait que celle-ci pouvait agir sur certains facteurs de risques car elle disposait d’un outil pour d’influer sur certains facteurs de la délinquance : le contrat ville, financé en grande partie par l’Etat. De plus la municipalité pouvait également mettre en place un CLSPD (Conseil Local de Surveillance et de Prévention de la Délinquance) dans l’objectif de coordonner l’action de tous les acteurs.
Mme Chambon rappelait que depuis plusieurs années, les élus de la minorité demandaient une politique de la ville ambitieuse et structurée. Elle regrettait qu’en l’absence d’objectifs et d’indicateurs, la politique de la ville actuelle ne permette pas de faire le bilan de son efficacité sur les facteurs de risque de la délinquance. Et demandait si elle en avait seulement l’ambition ?
Elle soulevait que ces mêmes élus demandaient également que la prévention de la délinquance soit coordonnée au sein d’un CLSPD. Demande restée lettre morte car trop couteuse. Mme la Maire avait proposé la création à sa place d’un conseil des droits et des devoirs des familles, instrument intéressant d’intervention à postériori mais pas de prévention.
Elle posait donc la question suivante à Mme le maire :
Quels enseignements tirez-vous des évènements des derniers jours et quelle politique de prévention pourriez-vous mettre en place à Pontoise ?
La réponse de Mme la Maire
Sur les évènements
En réponse Mme la Maire évoquait le manque de recul sur ces évènements qui n’étaient peut-être pas encore terminés les polices étant en alertes et la ville encore sous arrêté de couvre-feu pour les mineurs. Elle faisait ensuite un bilan des cinq nuits d’émeute parlant de « violences extrêmes » notamment des atteintes aux biens et aux personnes « nous avons des agents qui ont été attaqués, agressés, menacés », « nous avons énormément de mobiliers urbains qui ont été ravagés », « mais heureusement … nous faisons partie de ces villes où les établissements public n’ont pas ou très peu été touchés… grâce à l’intervention rapide des forces de l’ordre et de la police municipale que je tiens vraiment à saluer ». Elle soulignait le rôle crucial du CSU (Centre de Sécurité Urbaine) arguant que ses caméras « avaient sauvé des vies » car elles avaient permis de mettre en sécurité les forces de l’ordre lors de cette « guérilla urbaine ».
Elle annonçait qu’une cellule psychologique avaient été mise en place pour les agents en particulier pour les trois les plus touchés.
- Sur les Enseignements
Mme la Maire voulait rester très humble sur des enseignements qu’elle ne voulait pas porter à cours terme et sur l’émotion. Elle rappelait ce qui était déjà fait à l’échèle de la ville, non pour dire que c’était suffisant car « compte tenu de ces évènements il faudra trouver de conclusions réelles profondes et durables » et elle insistait sur le « profond » en ajoutant que cela nécessitait un recul « que nous n’avons pas à ce stade ».
Elle évoquait la politique de la ville, telle qu’elle était pratiquée, jugeant que même si elle était insuffisante elle avait des résultats. Elle avançait que l’on ne savait pas ce qui se serait passé si cette politique de la ville n’était pas mise en œuvre. Elle notait que cette politique de la ville avait un angle mort car, si c’était bien de revoir les habitats, si l’on ne travaillait sur la politique de peuplement de ces quartiers, leur mixité sociale cela ne fonctionnerait pas. Elle avouait « en toute humilité n’avoir pas les réponses… sur… comment travailler cette mixité ».
Elle donnait l’exemple de Marcouville construit sur une dalle de manière enclavé où on avait plus de 70% à 75% de logements sociaux comment assurer la mixité sociale dans un quartier ou on accumule les raisons et les critères où ça ne peut fonctionner. « Malgré cela on a des succès, des familles qui s’en sortent mais quand elles s’en sortent elles quittent le quartier ». Dans ces conditions elle posait la question « Comment assurer cette mixité ? ». Elle reconnaissait le manque d’indicateur mais mettait en avant les résultats les différents dispositifs déjà en place tels que le Programme de réussite éducative, l’ANRU, le Plan local d’insertion pour la jeunesse de la Mission Locale, la permanence dans les collèges, le BAFA rappelant que le contrat de ville était cofinancé par la ville.
Le seul enseignement qu’elle pouvait tirer car c’était un enseignement ancien ce n’était peut-être pas que l’on manquait de moyen mais que la PLV avait un fonctionnement « extrêmement complexe, extrêmement bureaucratique, extrêmement administratif » où les services perdent de multiples heures en réunions administratives ce qui entraîne une perte d’efficacité et aussi une perte de lisibilité surtout pour une population qui a besoin de se sentir considérée et accompagnée.
En conclusion son premier enseignement et appel était qu’il fallait aller au plus simple et donner davantage de pouvoir aux collectivités locales et notamment aux villes qui n’attendent que ça puisque les services de la ville et les élus sont ceux qui connaissent les quartiers, les familles et peuvent adapter les dispositifs et ajuster les moyens. Elle annonçait avoir déjà porté ce message au préfet. Elle pensait que l’on pourrait aborder ce sujet de manière sereine indépendamment d’une actualité dramatique. Et il revenait à « nous élus locaux d’y apporter des réponses concrètes et si possibles pas bureaucratiques ».
Pontoise Ensemble attend donc avec impatience les « conclusions réelles, profondes et durables » de la municipalité ainsi que les dispositifs et les moyens que la ville entend mettre en œuvre pour sortir les quartiers du cercle vicieux où ils se morfondent depuis des années.
Vidéo du conseil municipal :
La séance de question orale commence à 2h23 après le début.
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